Andrew DeVigal, New York Times

 » L’interactivité peut détruire un récit »

andrew-copy Andrew DeVigal (à droite), chef du multimedia, et son équipe

Qu’est ce que le web a de plus que les médias traditionnels ?

L’interactivité. La vidéo a toujours existé. Avec la télé, on peut mettre sur pause, rembobiner et accélérer. Mais on ne peut pas engager les gens ou interagir avec eux. Finalement, la vidéo sur le web n’est qu’une télévision plus petite.

Internet, grâce à l’interactivité, offre à l’utilisateur la possibilité de fouiller plus en profondeur quand ça a du sens dans le récit. Par exemple, dans notre article multimedia Comment le Pentagon fait passer le message, l’internaute peut s’arrêter dans le récit pour consulter un document mentionné dans la vidéo. Pareil avec Choisir un président, on a accès à des articles et aller plus loin sur des aspects bien précis.

Qu’est ce que vous pensez de l’interactivité ? Est-ce qu’elle est toujours pertinente ?
L’interactivité permet de personnaliser l’expérience. Et il y a des circonstances pour cela, toutes les types de narrations ne sont pas adaptés à l’interactivité. D’autres vont naturellement amener à l’interaction ou même la rendre nécessaire pour bien comprendre un sujet. Mais si elle est forcée, elle peut très bien détruire un récit.

Comment réagissent vos lecteurs ?
Les gens ne réagissent pas spécialement à l’interaction, ils s’intéressent au contenu. Et ils veulent que cela soit fluide. On doit toujours le garder à l’esprit quand on développe des contenus interactifs. Il suffit que l’histoire soit facile à comprendre, c’est tout !

D’où tirez-vous  votre inspiration ?
D’autres médias font du bon boulot. Je vais souvent voir le Washington Post, NPR, BBC, Frontline, LA Times et bien d’autres. J’ai toujours aussi été fasciné par ce que font les musées pour être interactifs. Par exemple, je m’inspire souvent de Second Story.

Est-ce qu’il existe un business modèle pour les webdocumentaires ?
J’imagine que c’est la question qui tue ? C’est à nous de le créer. Il y a déjà quelques exemples de sponsoring réussis avec PBS (la télévision publique américaine, ndlr) ou des O.N.G.

Combien votre département multimedia compte d’employés ?
Nous sommes 10. Cela va des journalistes flash à des ceux qui viennent de la radio publique. On collabore aussi beaucoup avec les infographistes (30 personnes), la vidéo (20 personnes) et le département de l ‘actualité interactive (10 personnes).

Est-ce que tout est produit en interne ?

La plupart du temps, on produit notre propre contenu. On fait parfois appel à des pigistes pour le contenu, mais on achète rarement des webdocumentaires déjà faits. On tient à travailler ensemble avec les journalistes.

Est-ce que vous allez vous agrandir ?
Sûrement pas dans un futur proche.

Propos recueillis par Emiland Guillerme pour les mardis numériques de CAPA

Twitter Andrew DeVigal

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